On the Road

Saviez-vous que les anges, dans leur primordial aspect, n'ont pas de volonté propre ? Depuis la Genèse, le libre arbitre fut le don des enfants de la Matière. Nous sommes les enfants de l'Esprit Sous notre forme la plus pure, nous nous contentons de « vibrer » à la Volonté Divine. Elle est notre fondement. Quand l'Esprit est confronté à la Matière un changement pouvant ébranler le fondement même de notre essence se produit en de rares occasions. Ce changement est parfois la porte ouverte à une dénaturations de notre rôle premier et cette déviance, quand elle est avérée, est sévèrement punis par les nôtre. Par aspiration divine, la Loi sous sa première et archaïque vision, doit être respectée. Nous venons au monde avec une série de devoirs sacrés inscrit en nous. Le reste est sujet à la Volonté Divine à laquelle nous vibrons aveuglément, seul ou à l'unisson. Telle est notre existence. Tels des marins soumis aux caprices des vents et qui ont foi en l'ordre des choses, nous naviguons, le coeur tranquille et l'esprit serein. Notre but est d'aider à l'accomplissement de la volonté divine sur la terre comme au ciel. Nous sommes des intermédiaires.

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Ainsi, c'est dans ma condition d'ange dévoué que pour une raison qui m'est inconnue,  je m' « éveillais » un jour et me mis à raisonner différemment des autres.

Certes je vibrais toujours à la volonté divine et cela aurait pu continuer ainsi comme il en a toujours été mais avec la conscience et l’éveil, vint aussi les questions.

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Les voies du Seigneur sont Impénétrables et son Plan, bien que d'une limpide clarté, n'est appréhendable pour aucuns Autres dans toute la Création, ainsi j'aimais à penser que c'était Sa voix, qui pour ces mêmes inaccessibles raisons, insufflait ces questions en mon coeur.

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En tant que ange de la Sphère de Yesod, j'avais, comme nous tous, nombre d'attributs sacrés qui entraînaient leurs lots de devoirs. A mesure que l'écho de ces insidieuses questions résonnait en moi, ma soif de compréhension et mon désir de mener ma tâche sacré à bien grandissait au point qu'un beau jour, en quête de réponse à mes questions, je quitta ma Sphère pour errer sur Terre. Dans mon esprit, ce voyage n'était que temporaire. Jamais je n'aurai renié ma condition de créature céleste comme d'autres l'avaient fait avant moi. Cependant, il m'apparut que ce voyage était nécessaire. Je devais comprendre. Car plus j’accédais à la compréhension et plus je serais à même d'effectuer mon devoirs d'intermédiaire de manière éclairée. Car tel est notre devoirs.

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Lorsque l'on quitte le royaume des cieux pour errer sur terre, nous gagnons en humanité. Les émotions, les sensations, les joies, les souffrances... Toutes ces choses qui nous étaient alors inaccessibles et étrangères, mais que nous comprenions sans en saisir la réelle substance jusqu'alors, se déversent en nous d'un seul coup. Ah quelle douce ironie pour un poète présumé de ne pas trouver les mots pour vous décrire la violence qui accompagne cet éveil... Je le comparerai donc à une chute car c'est bien l'une des sensations qui persiste au delà des autres, quand toutes celles plus fugaces ou abstraites, commencent enfin à s'estomper.
 

Personne ne me prépara à cela et à ce que je verrai en marchant parmi eux ensuite.

 

Le temps poursuit sa course et je l'accompagne. J'ai déjà fait plusieurs fois le voyage de retour et je sais que celui-ci devient de plus en plus difficile à mesure que mon être et mon essence sont confrontés à ce monde.

« Je suis Ton serviteur. C'est le coeur remplit d'espoir et vide de doutes que j'accomplis une fois encore mon devoir sacré. Cela fait une éternité que je marche et pourtant, je sens mon esprit s'éveiller toujours un peu plus chaque jour. Seigneur, Ta Volonté est absolue. Guide mes pas dans ces épreuves, sauvegarde mon âme et donne-moi la force de rester humble et droit pour qu'une fois Ta Volonté accomplit, Tes portes me soient encore ouvertes... »

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-Manakel, 66ème Ange-